Daniel Hanssens et Pierre Pigeolet campent admirablement le célèbre duo Pignon-Brochant. Trente ans après sa création, la pièce de Francis Veber fait toujours autant rire. Un indémodable à consommer sans modération d’ici au 31 décembre, au Centre culturel d’Uccle.
Faire rire un public est une mécanique digne d’une horloge suisse, a, un jour, confié à La Libre Daniel Hanssens, comédien, metteur en scène et directeur de la Comédie de Bruxelles. Mardi, soir de la première du Dîner de cons au Centre culturel d’Uccle, on a pu mesurer toute l’ampleur et la portée de ce précepte.
Créée en 1993, par Francis Veber, la pièce Le Dîner de cons est devenue un classique du théâtre français, dont la notoriété s’est décuplée dès 1998 avec son adaptation au cinéma, consacrée par l’inoubliable duo Jacques Villeret – Thierry Lhermitte et ses inégalables répliques (”Il est méchant Mr Brochant ; il est mignon Mr Pignon” ; “Allo ! C’est le con de votre mari”, etc.). Ce mardi soir, nombreux sont donc les spectateurs et spectatrices à avoir en tête les dialogues les plus célèbres de la pièce, à tel point que, à peine entré en scène, François Pignon (admirablement interprété par Daniel Hanssens), fait déjà rire toute la salle, par sa seule présence et ses mimiques. Il en sera ainsi pendant les deux heures du spectacle : à chaque scène culte, le public trépigne et contient son rire avant que la réplique ne claque et que les zygomatiques puissent se lâcher franchement, “obligeant” les comédiens à faire des temps de pause, tout en enchaînant subtilement leurs dialogues pour ne perdre ni le fil ni le rythme de l’histoire.
Pignon : “Ça sonne”
Entre Le Dîner de cons et la Comédie de Bruxelles, on pourrait dire que c’est presque une histoire d’amour. Créé à l’Adac (Association des arts et de la culture) en 1998, Le Dîner de cons est recréé pour la première fois avec la Comédie de Bruxelles (qui fête ses 20 ans cette saison) en 2005. Depuis, c’est “la 4e ou 5e fois” que Daniel Hanssens joue le rôle de François Pignon, ce fonctionnaire au ministère des Finances, passionné de maquettes en allumettes, que Pierre Brochant (un tout bon Pierre Pigeolet en bourgeois cocufié et immobilisé par un tour de reins) a convié à un dîner de cons, Pignon ignorant que le but du dîner est de se moquer de lui. Mais la soirée va prendre une tout autre tournure, car n’est pas toujours le con celui qu’on pense…
Également à la mise en scène, Daniel Hanssens aurait pu faire le choix de mettre la pièce à la page technologique, en remplaçant le téléphone fixe filaire par un portable. Mais l’effet n’aurait pas été le même, tant cet objet presque vintage aujourd’hui joue un rôle central dans la pièce (On rit encore de la réplique “Ça sonne” de François Pignon).
Si Pignon et Brochant sont au cœur du spectacle, ils sont entourés d’une fourchette de truculents personnages, qui viennent joyeusement épicer l’histoire : la femme de Brochant, Christine (Joséphine de Renesse) ; l’ami de Brochant, Juste Leblanc (David Strajmayster) ; la maîtresse de Brochant, Marlène (Christel Pedrinelli), ainsi que le contrôleur fiscal (Michel Hinderyckx) et le médecin (Victor Scheffer). Savoureux, ce Dîner de cons servi par la Comédie de Bruxelles est à consommer sans modération.