Bérode lâche l’échelle

Une Évasion Musicale Fraîche teintée d’humour

Lauréat du Franc’off en 2022, sans aucunement abandonner ses troupes, Quentin Maquet multi-instrumentiste de 35 ans et tête-pensante du groupe Dalton Telegramme, s’échappe en solitaire et se dévoile sous le nom de Bérode pour exprimer en chanson des territoires plus personnels collant davantage à une aventure dont il est le capitaine…

Propos recueillis par Françoise Laeckmann

 

“L’envie d’être le seul maître à bord, et de décider de tous les choix, que cela soit aux niveaux musical, stratégique, graphique, de la vitesse ou encore de la géométrie du groupe m’accompagnant sur scène selon les événements m’est venue tout naturellement. Puis cela s’est imposé en étant encouragé par mes proches tant familiaux que musiciens.”

 

Autre dimension à s’être naturellement imposée, celle de la direction artistique. “Je me suis laissé volontiers guider par mon instinct et mon amour pour tout ce qui gravite autour de la chanson française, la musicalité de la langue et l’acoustique, en étant toujours le plus authentique possible tout en cultivant une imperfection organisée, un décalage volontaire.

 

Il y a du Souchon dans cette échappée belle titrée Les Sablières. Mais la solitude ne dure qu’un temps puisque les cinq chansons d’un premier EP sont le fruit d’une collaboration entre Yannick Lemoine et Pierre Demoulin (Roscoe, Blanche…), alors que l’excellent Maxime Wathieu a activement travaillé au mix pour arriver à un son ample et chaleureux. Lemon Felixe chante avec Quentin Le maître du Je alors que c’est Marie Cox qui a été choisie pour Hier. Cette chanson française mâtinée de folk à laquelle Bérode nous a déjà habitués sur scène prend ici une nouvelle dimension, plus ambitieuse, avec des orchestrations à la fois bien présentes et une simplicité revendiquée. 

“Les premiers titres que je jouerais sur scène ont été enregistrés dans la veine de ce que j’enregistre dans mon petit home studio de campagne. Je me suis juste rendu dans un studio un poil plus grand pour jouer à certains moments en live et être un peu plus confortable… dans une production bricolée avec un style folk/americana, un peu dans l’idée d’y faire entrer le public, comme si je l’invitais à boire un verre dans mon salon, en toute quiétude, toute simplicité, on entendrait le frigo se refermer, les enfants jouer dans le jardin, le vent s’engouffrer sous la porte…”

 

Sur scène, en duo avec Cédric Van Caillie de Balimurphy

En totale liberté, muni de sa guitare tout droit sortie d’une BO d’Ennio Morricone, les chansons de Bérode ouvrent une voie qui trace un fil suspendu entre noirceur et humour, bourrasques universelles et réalisme détourné, mélodies avenantes et arrangements à la chaleur boisée.

 

Aujourd’hui, plus qu’un projet d’album, Quentin nous confie son fantasme pour Bérode. Un fantasme qui rejoint celui de nombreux autres musiciens : “Le vrai fantasme est de pouvoir faire un maximum de lives, évidemment ! Puis de jouer beaucoup et dans plein de contextes grâce à la souplesse du duo. Avant de réaliser de nouveaux enregistrements que seules des personnes ayant donné beaucoup de concerts peuvent faire… C’est le fantasme de repasser par la case studio en y rapportant les précieuses et uniques vibrations du live. A Uccle, en duo avec Cédric Van Caillie, chanteur guitariste du groupe bruxellois au style unique BaliMurphy, je jouerai mes compositions dans une formule brute et authentique. Avec des mots simples et poétiques je raconterai des histoires d’aujourd’hui, des histoires d’amour, du temps qui passe et des petits riens, d’ailleurs et d’ici.”

 

Bérode appartient définitivement à la race des conteurs, une espèce aussi rare que précieuse. “J’aime bien ce rôle. Raconter des histoires, c’est une appétence que possédait ma grand-mère, j’y ai goûté dès mon plus jeune âge. Elle s’appelait Bérode“.”